mardi 1 avril 2014

Résumé des contributions (work in progress)

DOSSIER: LA DRÔME DANS LA GRANDE GUERRE

Alain Sauger, "L'été 1914 dans la Drôme", p. 3-18

L'historien qui veut saisir la façon dont les Drômois sont entrés en guerre ne peut pas mobiliser tous les types de sources dont avait disposé Jean-Jacques Becker dans sa célèbre étude (1914: Comment les Français sont entrés dans la guerre, Paris, PFNSP, 1977). Notamment, les lettres ou carnets de poilus sont peu loquaces sur l'entrée en guerre et il n'y a pas de rapports de police disponibles. Pour la Drôme, on ne peut se fonder que sur la presse et sur les réponses à l'enquête du recteur Petit-Dutaillis, concernant seulement une vingtaine de communes rurales.
Les élections d'avril-mai 1914 ont été dominées par le thème majeur de la loi des trois ans et de l'instauration de l'impôt sur le revenu. Les cinq députés élus ou réélus sont hostiles à la loi des trois ans. Intéressée surtout par le procès de Mme Caillaux, la presse ne s'inquiète qu'avec l'ultimatum de l'Autrice à la Serbie le 23 juillet, d'abord pour tancer le pacifisme des socialistes et de la CGT, qui convoquent une grande réunion publique à Romans le 29 juillet. La gravité de la crise paraît être davantage perçue par la population des bourgs qui lit la presse alors que les communes rurales sont en pleins travaux agricoles. 
Le 1er août, lorsque résonnent le le tocsin et le tambour du garde champêtre, la réaction dominante est de "faire son devoir". L'unanimité est rapidement acquise face à la conviction d'être agressés, que le gouvernement français veut la paix (comme l'affirmait Jaurès et le réaffirme Jules Nadi). Cette conviction entraîne celle d'une lutte inévitable entre les deux nations, qui fait ressurgir l'idée de la Revanche puis aboutit au thème de la lutte de la civilisation contre la barbarie. L'enracinement des valeurs républicaines favorise cette conception (inversement, quelques curés voient la guerre comme une punition).
L'alliance russe est censée favoriser une victoire rapide. Mais la société doit immédiatement s'adapter, à la désorganisation des municipalités et des familles (privées de ressources par le départ du père), à l'état de siège le 2 août, puis à l'arrivée de réfugiés et de blessés, aux premières annonces de morts. L'"espionite" traduit une certaine angoisse. Les journaux se font, pour l'historien, l'écho des doutes qu'ils essaient de combattre.


David Vinson, « Le 14 juillet 1914 dans la Drôme : veillée d'armes ou insouciances festives ? », p. 19-25.
 
Au début des années 1910, le 14 juillet est devenu pour de nombreux Drômois et Français une fête patriotique, militaire et consensuelle, réglée par arrêtés municipaux, davantage qu'une célébration du triomphe de la République. Loin d'être marqué par le contexte international, la fête du 14 juillet 1914 est qualifiée par Jaurès comme « de tout point semblable aux précédentes, c'est-à-dire banale, banale ». Son déroulement comprend une retraite aus flambeaux dans la soirée du 13, une revue des troupes le lendemain (lorsqu'il existe une garnison), des actions caritatives, puis des bals populaires et feux d'artifice (dans les villes). Les associations musicales et sportives locales sont mises à contribution et les habitants sont incités à pavoiser les immeubles. Les oppositions politiques latentes s'expriment par l'organisation de banquets républicains dans les municipalités radicales ou socialistes et inversement par l'acrimonie des journaux conservateurs comme L'Impartial de Romans ou Le Messager de Valence. De 1915 à 1918, le ministère de l'Intérieur impose au 14 juillet « un caractère exclusivement patriotique et commémoratif ». La fête est centrée sur la mémoire et la commémoration des morts, trait qui ne disparaît pas en 1919 en dépit de l'apothéose de l'armée et de la nation.


RECHERCHES
Christian Rey, "La fin des toits en chaume dans les montagnes dioises : deux siècles d'évolution", p. 63-72.

Sous l'Ancien Régime, l'usage du chaume pour la couverture des toitures des bâtiments étant extrêmement répandu dans les montagnes du Dauphiné, le moindre incendie se propageait très rapidement aux habitations voisines. L'article, fondé sur un dépouillement des sources communales et administratives, ainsi que sur la presse du XIXe siècle, démontre le caractère répétitif des incendies généralisés à un village ou un hameau : il recense quatre incendies à Vassieux, trois à Grimone et de nombreux incendies dans les hameaux de Lus-La-Croix-Haute et de Boulc-en-Diois.
Il examine parallèlement les réactions des autorités : sous l'Ancien Régime, ce sont les autorités municipales qui s'efforcent de prévenir les incendies liés aux fours à pain, au battage du blé ou aux cheminées défectueuses, l'Intendance du Dauphiné se contentant d'accorder des dégrèvements de taille, non sans suspicion au XVIIIe siècle. Certains habitants financent l'achat de tuiles, mais leur coût est un frein. Il semble que la mise en place de l'administration préfectorale et des Conseils généraux permette une évolution décisive, dans les années 1830 et 1840. Un système de primes voté en 1835 et le développement des tuileries permet alors à la couverture de tuile de devenir la norme. Dans le haut Diois, des incendies dramatiques continuent néanmoins à frapper les écarts.

N°551, mars 2014 La Drôme dans la Grande Guerre

N° 551 - Mars 2014 - "La Drôme dans la Grande Guerre" (sous la direction d'Annie Friche et David Vinson)

*Dossier
David Vinson : Avant-propos
Alain Sauger : L'été 1914 dans la Drôme
David Vinson : Le 14 juillet 1914 dans la Drôme : veillée d'armes ou insouciances festives?
Françoise Kern : Sur les traces de Mlle Pasqualini...
Philippe Bouchardeau : Chronique d'un tubercule en guerre, la pomme de terre de la victoire
Jacques-François Lanier : La bibliothèque du Capitaine Marius Ezingeard
* Recherches
Christian Rey : La fin des toits de chaume dans les montagnes dioises, deux siècles d'évolution
Alain Tillier : Etudes du bâti et Restauration
Henri Desaye et Yves Girard : Une inscription romaine inédite de Rousset-les-Vignes
Benoît Charenton : Chronique des Archives départementales de la Drôme (2011-2013)
* Actualités
Lectures
Soutenance de thèse de Yannick Veyrenche
Sorties par Michel Barraquand et Gérard Repellin
Conférences